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Réforme des retraites et décision du Conseil Constitutionnel : enjeux, défis et perspectives



Le vent de réforme souffle à nouveau sur le système français des retraites. Dans un contexte marqué par des enjeux démographiques, économiques et sociaux majeurs, la France s'apprête à opérer une nouvelle refonte de son régime de retraites.

L'âge légal de départ à la retraite, la durée de cotisation, l'élimination des régimes spéciaux et la revalorisation des pensions sont autant de sujets abordés dans cette réforme ambitieuse, qui suscite débats et controverses.

Alors que le Conseil constitutionnel vient de valider l'essentiel du texte, en censurant toutefois quelques dispositions, décryptage des principales mesures et des enjeux qui les entourent, ainsi que des répercussions pour les travailleurs, les entreprises et les agents territoriaux. Entre avancées notables et défis à relever, tour d'horizon d'une réforme qui dessine les contours du système de retraite du XXIème siècle.


Décision du Conseil Constitutionnel


Le Conseil constitutionnel a partiellement censuré le texte de loi sur la réforme des retraites, rejetant six dispositions, dont l'index senior et le CDI senior, mais validant le report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans. Les dispositions censurées ont été jugées inconstitutionnelles en raison de leur absence de lien avec le projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale (PLFSS) intégrant la réforme des retraites.


Les principales dispositions validées


Parmi les principales mesures validées, on retrouve le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, avec une mise en place progressive jusqu'en 2030. La réforme accélère également le calendrier de la réforme Touraine de 2014, augmentant la durée de cotisation pour une pension à taux plein de 42 à 43 ans d'ici 2027. La plupart des régimes spéciaux seront supprimés, ne concernant que les nouveaux embauchés.

De plus, la pension minimum sera portée à 85% du SMIC net, soit jusqu'à un montant maximal de 1200 euros, et cela s'appliquera dès la rentrée prochaine pour les salariés ayant effectué une carrière complète cotisée sur la base d'un SMIC. Des changements majeurs sont également prévus pour les salariés ayant réalisé des carrières longues, avec l'introduction de nouvelles bornes d'âge.

Une surcote pour certaines mères de famille ayant dépassé les 43 annuités requises pour une pension à taux plein, sous l'effet des trimestres validés au titre de la maternité et de l'éducation des enfants, sera également instaurée. Enfin, la pénibilité sera davantage prise en compte, avec l'élargissement du compte professionnel de prévention et la création d'un nouveau "fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle". Les fonctionnaires classés en "catégories actives" conserveront leur droit à un départ anticipé.


Les six dispositions rejetées par le Conseil constitutionnel


Le Conseil constitutionnel a récemment rejeté six dispositions d'un projet de loi relatif à la réforme des retraites. Parmi ces dispositions figure l'article 2, qui prévoyait la création d'un index sénior pour mieux comprendre la place des salariés en fin de carrière dans les entreprises. L'article 3, quant à lui, proposait un "CDI senior" expérimental pour faciliter l'embauche des demandeurs d'emploi de plus de 60 ans, mais le gouvernement avait exprimé des réserves en raison du coût estimé de cette mesure.

L'article 6, détaillant les recettes et dépenses de la Sécurité sociale pour la période 2023-2027, a également été rejeté. Ce texte prévoyait des modifications à l'organisation du recouvrement des cotisations sociales. Par ailleurs, certaines dispositions de l'article 10 ont été écartées, notamment celles concernant les conditions d'ouverture du droit au départ anticipé pour les fonctionnaires ayant exercé dans des emplois classés en catégorie active ou super-active.

Le Conseil constitutionnel a également rejeté certaines dispositions de l'article 17, qui prévoyaient un suivi individuel spécifique pour les salariés exposés à des facteurs de risques professionnels particuliers. Enfin, l'article 27, qui instaurait un dispositif d'information sur le système de retraite par répartition pour les assurés, a lui aussi été écarté.


L’impact de la décision sur le système des retraites
Quelles sont les conséquences pour les travailleurs ?


Le 14 avril 2023, le Conseil constitutionnel a approuvé l'essentiel de la réforme des retraites dans le cadre du Projet de Loi de Financement Rectificative de la Sécurité Sociale (PLFRSS), incluant le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Cette réforme entraîne pour les travailleurs une augmentation accélérée de la durée de cotisation, l'abolition des régimes spéciaux et la revalorisation des petites pensions pour les carrières complètes. Ainsi, une pension maximale de 1200 euros, correspondant à 85% du SMIC net, sera instaurée. Cependant, six articles ont été rejetés par le Conseil, dont ceux concernant les carrières longues et l'indexation des pensions sur les salaires.


Quelles sont les conséquences pour les agents territoriaux ?


La réforme des retraites, qui a été promulguée et est parue au Journal officiel du 15 avril, devrait impacter de manière significative les agents territoriaux. En effet, tous les agents publics, y compris les territoriaux, seront concernés par cette réforme à partir de la génération 1968. Les fonctionnaires en catégorie active seront également touchés par ces mesures.

Parmi les conséquences pour les agents territoriaux, on note un allongement de la durée de cotisation pour atteindre le taux plein, pouvant retarder l'âge de départ à la retraite pour certains agents. Les avantages spécifiques liés à leur statut, tels que les bonifications et les majorations de durée d'assurance, pourraient être modifiés ou supprimés.

La loi entérine le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans d'ici 2030 et l'allongement de la durée de cotisation à 43 ans dès 2027. Ces dispositions concernent les fonctionnaires et les contractuels de la fonction publique territoriale au même titre que la majorité des actifs. Le Conseil constitutionnel a validé ces mesures d'âge, qui auront un impact sur l'ensemble des territoriaux.

En revanche, le Conseil constitutionnel a retoqué une disposition prévue pour faciliter l'accès au droit à départ anticipé pour certaines personnes ayant été en service actif en tant que contractuelles, puis en tant que fonctionnaires.

Face à ces changements, le 1er mai sera marqué par des manifestations unitaires et populaires pour demander le retrait de cette réforme, témoignant du mécontentement des agents territoriaux et d'autres acteurs concernés. Malgré la mobilisation de l'intersyndicale, les dispositions de ce texte doivent officiellement entrer en vigueur au 1er septembre.


Quelles sont les conséquences pour les entreprises ?


La réforme des retraites de 2023, qui entrera en vigueur en septembre 2023, entraînera des conséquences majeures pour les entreprises. Pour se conformer aux nouvelles régulations, elles devront ajuster leur gestion des ressources humaines, notamment concernant l'âge légal de départ à la retraite fixé à 64 ans, ainsi que la gestion de fin de carrière de leurs employés.


Qui échappera aux conséquences de la réforme des retraites 2023 ?


Le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement français prévoit plusieurs changements importants, notamment un recul progressif de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, ainsi que la suppression de certains régimes spéciaux. Toutefois, cette réforme n'affectera pas certains assurés, comme les retraités actuels, les travailleurs nés avant le 31 août 1961, les fonctionnaires en catégories actives et les militaires, les personnes invalides et inaptes, les travailleurs handicapés, ainsi que les salariés recrutés après le 1er septembre 2023 pour les régimes spéciaux qui seront supprimés.

Le gouvernement a également confirmé le maintien du régime autonome des sénateurs, qui leur permet de prendre leur retraite à 62 ans avec une pension moyenne de 2 190 € net pour un mandat de six ans. Cette réforme vise à renforcer la viabilité financière du système de retraite français, mais elle est critiquée pour son manque d'inclusivité et pour le maintien de certains régimes spéciaux.


Les perspectives et les défis pour l'avenir


Suite à la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, de nombreuses questions se posent quant à la capacité du nouveau système à relever les défis démographiques, économiques et sociaux de demain. Les partenaires sociaux devront s'engager dans des négociations cruciales pour définir les modalités concernant la pénibilité et les départs anticipés pour carrières longues. Les enjeux futurs, tels que le vieillissement de la population, l'évolution du marché du travail et la recherche d'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, nécessitent d'être anticipés et pris en compte.

Pour assurer un système de retraites équilibré et en adéquation avec les réalités du XXIe siècle, les partenaires sociaux et les pouvoirs publics devront travailler main dans la main pour surmonter ces défis. Un suivi et une évaluation régulière de la réforme permettront d'en mesurer les impacts et d'ajuster les paramètres si nécessaire. Le dialogue entre les partenaires sociaux, les pouvoirs publics et la société civile devra se poursuivre pour apaiser les tensions et trouver des solutions acceptables pour tous.

Enfin, il sera essentiel de sensibiliser et d'informer les citoyens sur les conséquences de cette réforme pour leur avenir, dans le but de renforcer la confiance dans le système des retraites et faciliter l'acceptation des changements nécessaires. Un dialogue ouvert et constructif entre toutes les parties prenantes sera indispensable pour définir des solutions équilibrées et durables.

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Le calendrier de la réforme des Retraites 2023


Date Objet de l'événement
1er septembre 2023 Mise en application de la réforme.
15 avril 2023 Promulgation de la LFRSS pour 2023, utilisée par le gouvernement pour réformer les retraites.
14 avril 2023 Approbation partielle du PLFRSS pour 2023 par le Conseil constitutionnel.
20 mars 2023 Adoption du PLFRSS 2023 après l'utilisation du 49.3 et le rejet des deux motions de censure contre le gouvernement.
15 mars 2023 Réunion de la CMP avec 7 députés et 7 sénateurs pour parvenir à un consensus sur le texte.
2 mars 2023 Début de l'examen du PLFRSS 2023 en séance publique au Sénat.
28 février 2023 Examen du PLFRSS en commission au Sénat.
6 février 2023 Début de l'examen du budget rectificatif de la Sécurité sociale en séance publique à l'Assemblée nationale.
30 janvier 2023 Présentation du PLFRSS à la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.
23 janvier 2023 Adoption du PLFRSS en Conseil des ministres.
10 janvier 2023 Élisabeth Borne présente les grandes lignes de la réforme des retraites.
3 et 7 janvier 2023 La première ministre rencontre une dernière fois les partenaires sociaux.
15 décembre 2022 Olivier Dussopt présente un point d'étape des concertations paritaires à la presse.
28 novembre 2023 3ème cycle de concertation paritaire sur l'équilibre du système des retraites.
7 novembre 2022 Début du 2ème cycle de concertation avec les partenaires sociaux sur les questions de justice sociale et d'équité.
26 octobre 2022 Emmanuel Macron se dit « ouvert » à un report de l'âge légal à 64 ans au lieu de 65 ans, en contrepartie d'une augmentation du nombre de trimestres requis pour percevoir une retraite de base à taux plein (sans décote).
20 octobre 2022 Stanislas Guérini déclare que les fonctionnaires relevant de la catégorie « active » pourront toujours partir à la retraite avant l'âge légal et que les pensions des agents publics continueront à être calculées sur la moyenne de leurs six derniers mois de rémunération.
12 octobre 2022 Début des concertations avec Élisabeth Borne, Olivier Dussopt et Franck Riester, ministre en charge des Relations avec le Parlement, avec les chefs de file des groupes politiques à l'Assemblée nationale et au Sénat.
10 octobre 2022 Lancement du 1er cycle de concertation avec le patronat et les syndicats sur l'emploi des seniors, la prévention de l'usure professionnelle, les départs anticipés à la retraite et la lutte contre les discriminations.
5 octobre 2022 Olivier Dussopt rencontre 11 organisations patronales et syndicales représentatives pour fixer le calendrier des trois cycles de concertation.
29 septembre 2022 Élisabeth Borne annonce qu'un cycle de concertation sera lancé à l'automne avec les partenaires sociaux et les présidents des groupes parlementaires, en vue de l'adoption d'un projet de loi réformant les retraites « avant la fin de l'hiver » 2022-2023.
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